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Support d'une Loge maçonnique
Historique du rite de Memphis-Misraim
La généalogie du Rite de Memphis-Misraïm est complexe et de construction
souvent rétrospective.
Les origines de notre rite sont multiples et trouvent leur source aussi bien dans le
Rite Français et l’Écossisme que dans la kabbale, l’hermétisme alexandrin et
l’ancienne tradition égyptienne.
Plus précisément, le Rite de Memphis-Misraïm est l’héritier d’un ensemble de petits
mouvements de Franc-Maçonnerie qui fleurirent dès la seconde partie du XVIII e
siècle et qui enseignaient que, bien au-delà de la Grande-Bretagne, l’initiation
maçonnique remontait à d’antiques origines égyptiennes.
En 1767, fut créé à Berlin le « Rite des Architectes Africains » qui eut une loge à
Bordeaux (L’Étoile flamboyante aux trois lys, allumée en 1773). En 1780, fut fondé
à Narbonne, le « Rite Primitif » dans le cadre de la loge Les Philadelphes. Enfin, en
1784, Cagliostro créa à Lyon le « Rite de la Haute Maçonnerie Égyptienne » et sa
loge-mère La Sagesse triomphante.
Ce courant maçonnique « égyptien » fut en quelque sorte revivifié par l’expédition
de Bonaparte en Égypte (1798-1799). Revenus en France, des officiers de la
campagne d’Égypte, fascinés par ce qu’ils avaient connu, créèrent eux aussi de
nouveaux rites : « Ordre Sacré des Sophisiens » à Paris, « Souveraine Pyramide des
Amis du Désert » à Toulouse... De même, le Rite Écossais Philosophique, très
prestigieux à cette époque, attachait une grande importance à la tradition
égyptienne.
Le rite de Misraïm
Sous Napoléon, au début du XIX e siècle, la Maçonnerie se développa de façon
extraordinaire dans tous les territoires de l’Empire français, notamment en Italie où
les loges devinrent des lieux de convivialité où se retrouvaient militaires français et
autorités locales. Ces loges d’Italie servirent aussi de réceptacles pour tous les rites
qui s’étaient créés au siècle précédent, notamment rites d’inspiration templière,
écossaise ou kabbaliste.
C’est ainsi que fut créé le Rite de Misraïm qui voulait rassembler l’ensemble de la
tradition maçonnique dans une imposante hiérarchie de grades, classés en plusieurs
strates successives. Parmi les fondateurs, on rencontre des Italiens tels que les
Vénitiens Cesare Tassoni et Vita Polacco ou des Français tels que Armand Gaborria,
Charles Lechangeur et Pierre Lassalle. Le nom « Misraïm » signifie Égypte en
hébreu, et ce rite se réclamait effectivement d’une lointaine origine égyptienne.
Cependant, les grades qui le composent sont généralement proches du Rite Écossais
Ancien et Accepté, en plus d’un certain nombre de degrés portant des appellations
hébraïques.
Au moment de la chute de l’Empire, le Rite de Misraïm passa sous la direction des
frères Bédarride (Michel, Marc et Joseph) qui l’amenèrent en France où ils
réussirent à lui donner une grande extension. La première loge française de Misraïm
fut créée en mai 1815 à Paris et baptisée du nom Arc-en-Ciel. Le Rite de Misraïm
était porté sur l’ésotérisme et il reçut un soutien de certains dignitaires du Rite
Écossais. En même temps, figuraient parmi ses adeptes certains chefs Carbonari tels
que Jean-Joseph Briot et Charles Teste !
Misraïm rencontra une vive opposition de la part du Grand Orient de France, et
même si l’Ordre en tant que tel n’eut pas d’activité politique avérée, tout cela
contribua à ce qu’il soit interdit en 1822. Néanmoins, il put se rétablir en 1830 et il
subsista de façon autonome jusque vers l’année 1900.
Le rite de Memphis
Le Rite de Memphis fut créé à Paris en 1838 par Jacques-Étienne Marconis de Nègre.
Celui-ci avait été membre de Misraïm auparavant et il en avait été exclu à cause de ses
« innovations » rituéliques. Memphis peut donc être considéré comme un schisme par
rapport à Misraïm. De plus, le père de Jacques-Étienne, le Frère Gabriel-Mathieu Marconis
de Nègre, avait été membre d’une loge éphémère à Montauban, Les Disciples de Memphis,
entre avril 1815 et mars 1816. Il est très possible que cette loge ait été une succursale de la
« Souveraine Pyramide des Amis du Désert » de Toulouse. Jacques-Étienne Marconis de
Nègre écrivit un nombre considérable d’ouvrages de philosophie maçonnique et il avait
incontestablement une grande connaissance de tous les mouvement de Maçonnerie
égyptienne qui l’avaient précédé.
L’apport de Marconis de Nègre dans le Rite de Memphis fut essentiellement l’introduction
de grades faisant référence à la Grèce ancienne et à l’Égypte antique. Alors que Misraïm
demeure dans une tradition biblique, Memphis est beaucoup plus hermétiste et
mythologique. En fait, le Rite de Memphis, qui est le plus récent, est une sorte de synthèse
globalisante des divers rites de Maçonnerie égyptienne de la fin du XVIII e et du début du
XIX e siècle.
En 1862, Marconis de Nègre, qui était à la recherche d’une reconnaissance officielle,
accepta d’intégrer son Rite de Memphis au Grand Orient de France. Pour cela, il consentit à
réduire son échelle (théorique) de grades de 95 degrés à 33 degrés (comme le Rite Écossais
Ancien et Accepté). Néanmoins, les années suivantes, cette intégration du Rite de Memphis
au Grand Orient précipita sa disparition du sol français. Ce n’est que récemment que l’on s’est remis à pratiquer ce Rite en 33 degrés dans le cadre du Grand Ordre Égyptien du GODF et des juridictions ayant reçus patente du GODF.
En revanche, Marconis de Nègre avaient ouvert des loges dans des pays étrangers,
notamment aux États-Unis et en Grande-Bretagne, ce qui permit un nouvel essor du rite
dans deux directions assez différentes. Certaines loges anglaises de Memphis accueillirent
des révolutionnaires français en exil (tels que Louis Blanc), tandis qu’en même temps les
hauts-grades de Memphis devinrent fort appréciés par les Maçons britanniques et
américains à la recherche de nouveaux secrets initiatiques.
En 1872, l’Anglais John Yarker devint Grand Maître général du Rite de Memphis pour la Grande-Bretagne et l’Irlande.
Le Rite de Memphis-Misraïm
En septembre 1881, le général Joseph Garibaldi fut nommé Grand Hiérophante mondial de
Memphis et de Misraïm par la majorité des « Souverains Sanctuaires » (hormis l’Ordre
français de Misraïm et une branche de Memphis qui s’était replantée en Égypte). Il mourut
en juin 1882, mais ce court règne permit une réunification des deux rites et l’apparition du
« Rite de Memphis-Misraïm ».
Par la suite, John Yarker devint de facto une sorte de Grand Maître mondial (au moins pour
tous les pays de langue anglaise) et il contribua grandement au développement du Rite de
Memphis-Misraïm qu’il rapprocha d’autres mouvements ésotériques anglo-saxons.
En fait, l’on constate que la nomenclature des hauts-grades de Memphis-Misraïm est à peu
près identique à la nomenclature de Memphis. Le Rite de Memphis-Misraïm est en réalité
la continuation de Memphis, sous un nouveau titre plus englobant. Quant au Rite de
Misraïm (autonome), il disparaît définitivement durant les premières années du XX e siècle.
Or voilà qu’en 1908 le Rite de Memphis-Misraïm refait son apparition en France avec
Gérard Encausse (dit Papus) à sa tête, par l’intermédiaire de la filiation anglaise de John
Yarker. Par la suite, le rite a subsisté jusqu’à nos jours, grâce à certains grands maîtres
particulièrement dynamiques. Dans la période d’entre les deux guerres, il faut surtout citer
le nom de Jean Bricaud. Après la Seconde Guerre mondiale, le Rite de Memphis-Misraïm
s’est reconstruit lentement sous l’égide de Charles-Henri Dupont et surtout de Robert
Ambelain.
Robert Ambelain réécrivit les rituels des trois grades bleus en les rapprochant à la fois du
Rite Français et de la tradition égyptienne. En effet, les rituels utilisés précédemment (pour
les trois grades initiaux) étaient assez proches du Rite Écossais. Il en fit deux versions,
l’une longue, l’autre courte. (Dans notre obédience nous utilisons de préférence la version courte afin de laisser du temps pour la lecture des planches et les autres travaux.)
À la fin des années 1990, certaines loges masculines pratiquant le Rite de Memphis-
Misraïm choisirent d’intégrer le Grand Orient de France. Cette obédience qui avait eu de
bons rapports avec Robert Ambelain (mort en 1997) décida de respecter les rituels qu’il
avait retravaillés, en ne les adaptant que modérément. D’autant que Robert Ambelain avait
toujours eu une profonde compréhension des principes de la Maçonnerie authentique. En
même temps, cette arrivée de loges « égyptiennes » permit de revivifier les patentes
accordées par Marconis de Nègre au Grand Orient, en 1862. L’Égypte ancienne avait été
sans aucun doute un pays de constructeurs et d’utilisateurs de la pierre : il n’y a pas de
difficulté à faire se rencontrer les légendes maçonniques et les symboles égyptiens.
L’histoire des courants de « Maçonnerie égyptienne » est en fait l’histoire de personnes qui
ne se contentent pas de ce qu’elles ont et qui recherchent autre chose. Elles cherchent à
comprendre nos origines les plus anciennes, elles cherchent une autre forme de vie, elles
cherchent au-delà des apparences.
Et c’est peut-être dans le cadre de notre obédience que le Rite de Memphis-Misraïm parvient à réaliser la symbiose de tous les éléments qui le composent : la composante républicaine et progressiste issue des Carbonari ; la composante spiritualiste issue de Misraïm ; la composante hermétiste et mythologique issue de Memphis ; enfin, l’harmonie entre hommes et femmes, qui était un élément fondamental des cultes initiatiques de l’Antiquité.